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Chirurgie  Plastique                              Esthétique                            Réparatrice

Approche de la chirurgie esthétique par le Dr Tran Quan

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Chirurgien Plasticien, j'ai plaisir à m'interroger sur l'Art de la  

« modification »  du corps humain.

Je dis  « modification »  car en matière de chirurgie plastique et esthétique, il s'agit de naviguer dans les  courants erratiques de la subjectivité.
Lorsque je travaillais dans le secteur public, en Centre Hospitalier universitaire,  aucune interrogation  ne s'imposait ; il fallait penser vite, pas de « pourquoi », uniquement des « quand et comment ».
Mon caractère aidant,  j'agissais ainsi avec témérité,  avec culot et  mes approches  impavides sur des chirurgies réparatrices lourdes m'ont développé  le goût d'agir.
Le monceau  de doigts à replanter,  de seins à reconstruire,  d'implants à poser,  d'os à « tailler » , de vaisseaux et de nerfs infra-millimétriques à rebrancher sous microscope…  ne génèrent pas de doute. Il faut être volontaire, endurant et perfectionniste tout en restant enthousiaste.
Ce monceau-là  m'a  permis d'affronter les complexions de l'anatomie, et puisque l'acte invasif crée de l'émotion,  puisque les risques pris vêlent la force, et parce que suite à l'agir,  j'obtiens du résultat,  je me suis graduellement perfectionné. 
En chirurgie,  la réussite, (qu’il faut entrevoir dans son acception au sens sportif,  c'est-à-dire portée part la chance et l’effort associés), développe le panache.
Aujourd'hui je travaille évidemment plus calmement, en secteur privé, dans une clinique en Haute Normandie,  (LE HAVRE).
J'opère pour soulager, pour réparer mais aussi  très simplement pour

« modifier ».
Dans ce cas où  je « modifie », le patient n'est pas vraiment malade.
Il n'est pas malade …  je lui demande même d'être au mieux de sa forme.
A cet endroit, ma profession de Chirurgien Plasticien fait interrogation.
Suis-je toujours dans une fonction médicale? 
M'est-il permis de juger mon patient dans ses demandes  atypiques? 
Où sont les seuils au-delà desquels je bascule dans le pygmalionisme?
A ces questions,  mes réponses n'ont pas de mesure exacte.
J'ai alors deux attitudes :
1) J'écoute et j'assimile la demande.
Cette étape est un véritable plaisir pour son infinie variance et pour l'épreuve d’immersion dans l’étrangéïté de l’Autre : Extra-ordinaire altérité !
2) Puis j'interviens… le verbe est approprié : «inter-venir» . 
D'une certaine façon je m'installe dans un espace situé entre le patient qui se montre et le patient qui veut être. De cette façon je vais agir à partir d'un patient que je vois pour un patient qui se veut. Cela est autrement plus complexe qu'un patient qui souffre auquel j'apporte une solution pour supprimer la douleur.
La demande est rarement, pour ne pas dire exceptionnellement farfelue et renvoie toujours  à une souffrance liée à une insatisfaction  qui engendre une perte d’estime de soi.
On peut évidemment sourire d'entendre parler de souffrance sur la question d'un nez bossu, trop rond, trop long ou d'un front ridé.

- Il y a autrement plus grave que cela ; le paludisme, le chômage, la couche d’ozone, la famine dans le monde, le terrorisme ...,  disent certains.

Mais alors ceux-là qui chinent, font les magasins, les soldes, achètent ceci-cela  pour améliorer leur chez-soi n'ont-ils pas également mieux à faire (sauver la planète par exemple en vivant dans l'ascétisme et en reversant leur argent aux multiples associations caritatives)

Je ne juge personne et surtout pas mes patients. Mais il me semble qu'on peut avoir deux vraies préoccupations à intensités variables : Soi-même et l'Autre et tant qu'à faire, si ce « Soi-même » s'aime, l' « Autre » ne sera que plus aimé. 
Or une personne terriblement aliénée à des obsessions d'imperfections qui finissent par polluer son  espace psychique de tensions, malhumeurs et complexes et par obscurcir son champ de conscience,  peut-elle accueillir le

« dehors »  commensalement ?  Pas sûr … je la vois plutôt s’en défier.

D'aucuns diront qu'il est stupide de prendre le risque d'une anesthésie générale et d'une exposition aux germes pour une « histoire de beauté, d’esthétique ». A cela je réponds qu’il y a certes des risques, comme il y en a dans toute chose qui nous anime et comme il en existe, suis-je tenté de penser, dans toute chose qui nous fige (laisser s'installer des obsessions invalidantes induit des risques dans son habitus)

J'accompagne donc mes patients sur deux combats : 
1) celui de  changer, modifier, améliorer un corps qui lui est imposé par les hasards de la nature, ou par les affres du temps  et qui n'est pas forcément conforme à l'image  que son esprit (idée) désire, 
2) celui ensuite de faire face à un environnement hostile, contestateur et culpabilisateur.   

Dans cette dynamique, mon combat personnel serait d'encourager quiconque à respecter le choix de chacun.

Notre siècle est anxiogène. Il nous laisse entrevoir des possibilités de grands bonheurs mais nous inflige de puissantes frustrations.  On ne peut pas, en plus des diktats de nos sociétés (conformisme, convention, académisme, étalonnage...) ajouter la culpabilité à qui veut se saisir du progrès des nouvelles techniques médicales et chirurgicales pour se …

« modeler ». 
Cet acte de « modelage », s'il n'est pas mortifère ni farfelu, peut-être un rapport intelligent avec son propre corps, sa propre chair (rapport biologique,  psychologique et créatif) et  je l'y encourage.

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